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Ny teny marina hoatra ny fia-pary, ka na lava aza, tsy lany hamamiana :
Les paroles vraies sont comme la canne à sucre que l'on mâche: quoiqu'elle soit longue,elle est douce partout.
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1959 8/11 Fin des congés en métropole; béribéri

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Le 20 septembre 1959
retour à Tananarive en fin de congés en métropole.
Fin des intrigues


Ajouté par mes soins


Et le 12 septembre JUPPEAU et WILLMANN m'écrivent pour me faire connaitre toute leur joie et celle du personnel à l'annonce de mon retour.


..... (WILLMANN)

Enfin la nouvelle tant attendue est arrivée. 
Vous serez parmi nous dans huit jours, la joie est immense au bureau. Chacun se sent revivre . Si votre avion arrivait un jour de congé tout le personnel aurait été au terrain. Malheureusement nous ne pourrons pas tous abandonner le service en même temps . Quant à moi tant pis pour qui mal y pense, rien ne me retiendra. Je viendrai avec l'ami JUPPEAU qui est de retour de Nosy-Lava . quand j'ai annoncé votre arrivée au bureau, le personnel a sauté de joie : on aurait dit de grands enfants attendant leur père qu'ils croyaient ne plus revoir. Enfin vous jugerez vous-même ce que j'avance , nous avons gagné la bataille.




..... ( JUPPEAU)


M. WILLMANN m'a donné hier soir connaissance de votre lettre.Entendu nous vous attendrons au terrain. Je suis heureux de ce dénouement  mais l'alerte a été chaude.Je suis toujours logé dans votre case, mais en principe je dois déménager le 17, date où les bâtiments civils devront avoir terminé les réparations.
.......


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Quartier de Tananarive

Me voici donc de retour à Tananarive pour reprendre mon poste.


Et c'est le coup de la province de Tuléar de tomber sous le coup de ma réorganisation.
Le 24 septembre le gardien-chef CADY , que je nommerai plus tard 
inspecteur provincial, m'envoie la lettre suivant où quelques anomalies graves sont mentionnées :

......

J'ai appris avec un réel plaisir par l'ami RAPHAEL votre tout récent retour à Madagascar ....
Pour faire face aux nombreuses questions en suspens vous ne devez pas manquer de pain sur la planche.
Quartiers de Tananarive :
Andravoahangy
et
Anjanahary
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt dans l'A.F.P. du 15, la note remise dernièrement aux députés par le ministre de la justice et relative à la réforme projetée de l'administration pénitentiaire. C'est bien ce que vous m'aviez exposé  lors de mon passage à Tananarive en mai dernier.
Nul plus que me  ne souhaite voir aboutir rapidement cette réforme si nécessaire et je pense que votre retour y contribuera efficacement.réellement cette réforme s'impose et je crois qu'il y a intérêt à ce qu'elle voit le jour au plus vite.
Dans la province de Tuléar ( pénitentiairement parlant)  la pagaye complète, erreurs et abus dans l'emploi de la main d'oeuvre pénale continuent comme par le passé.
L'autorité provinciale qui décide de ces questions , se montre réfractaire, sinon hostile, à toute réorganisation d'un système qui a tant profité à certains jusqu'à présent et qui viendrait chambarder les habitudes "du bon vieux temps" .
(Cette autorité, un "en-chef" bien entendu, vient d'être avisé que Madagascar se passera dorénavant de ses services).
En dépit de mes suggestions, cette personnalité n'a jamais voulu organiser un contrôle  et une coordination des prisons dans la province.
Pourtant la situation dans les prisons  de districts est lamentable  depuis que les fonctions de gardien-chef ne sont plus assurées par les gendarmes.
On sent un flottement général;
Les nouveaux gardiens-chef ne connaissent pas l'A.B.C.  de leur métier et semblent ignorer avec la plus grande désinvolture l’arrêté du 12 avril 1954 qui nous régit encore actuellement. les dossiers ne sont pas, ou mal constitués et il est fréquent de voir arriver à Tuléar des détenus  transférés d'une prison en brousse sans qu'aucune pièce les accompagne; on se content de les remettre à un garde d'escorte.
La corruption règne et c'est ainsi que dans certaines prisons ne sont admis à sortir au travail ( et quel travail) à l'extérieur que ceux des détenus pouvant payer une dîme  au gardien-chef et on assiste à cette situation paradoxale que ce sont les prévenus ( dont la famille peut les alimenter en espèces)  qui sortent en corvées extérieures alors que les condamnés, dont les ressources pécuniaires se sont taries à la longue, qui gardent la prison.
......


Le temps prescrit et j'ai demandé au ministre de la justice de nommer inspecteur de la province de Tananarive un de mes camarades de l'administration générale d'outre-mer, monsieur VERGNOLE  .
Il me seconda efficacement pendant toute la durée de mes fonctions.Installé dans la capitale auprès de moi, nous n'avons jamais échangé de correspondance personnelle car tout se règle de vive voix et administrativement.Son action fut très efficace pour régler des problèmes locaux dont j'aurai l'occasion de reparler.
La maison d'arrêt de Tananarive était difficile à gérer.Il y avait le quartier des hommes et celui des femmes.
Des détenus politiques avaient des relations directes avec la population  et quelques fois même par l'intermédiaire des gardiens.Ils entretenaient un règne de soulèvement permanent.
Les provinces de Fianarantsoa, Tamatave et Diégo ne posaient pas de problèmes particuliers. J'étais assuré d'un soutien loyal des chefs de district et petit à petit je devais assurer la relève du personnel de la police par du personnel de l'administration pénitentiaire.
Riz et béribéri
De la maison de force de Nossi-Bé le gardien chef m'adressa le 22 septembre une lettre assez inquiétante concernant une légère rébellion des détenus qui protestent contre les restrictions de riz consécutive à une épidémie de béri-béri .
Dans la lettre ci-après il expose les mesures prises et cette mauvaise humeur n'aura pas d'autre suite :


.......

Il est porté à ma connaissance qu'une lettre aurait été adressée à monsieur le président de la république pour protester contre le régime alimentaire qui serait, parait-il insuffisant à la maison de force.
 Voici je pense, les raisons qui ont motivé l'envoi de cette lettre, si lettre il y a eut :


Le 11 septembre 1959 monsieur le médecin inspecteur CAILLE  est venu me signaler que plusieurs malades étaient atteints de béri-béri .
 Il m'a demandé de supprimer le riz pour ceux-ci et de diminuer de moitié pour tous les autres détenus.
 Pensant que cette mesure serait défavorablement accueillie par les détenus en général, j'ai demandé au docteur  de leur parler et de me remettre en écrit ses prescriptions, ce qu'il a fait sans difficulté.


Les 12 et 14 septembre j'ai diminué de moitié la ration de riz.
pour simplifier les distributions et faciliter la comptabilité j'avais décidé qu'à partir du 16  la ration normale de riz serait  distribuée un jour sur deux.
Fruits dont papayes ....
Bien entendu la suppression de riz devait être compensée par la distribution d'autres denrées ( manioc, légumes verts, fruits).
Le mercredi 16 les détenus ont refusé le repas du soir.
 J'ai du les rassembler dans la cour pour leur expliquer à nouveau les raisons de ce changement de régime momentané  prescrit par le docteur et dans leur intérêt.
Ils m'ont dit qu'ils voulaient du riz et non des légumes européens ( carottes, navets, poireaux ) que je leur proposais.
j'ai informé de cette situation monsieur le médecin inspecteur qui m'a demandé de donner du riz chaque jour aux détenus non béribériques  mais de baisser leur ration à 400 grammes et d'y ajouter en compensation manioc et légumes verts de façon à éviter les inconvénients nutritionnels de la nourriture rizée exclusive, c'est à dire l'apparition de nouveaux cas de béri-béri.
pour les malades il m'a demandé que le riz soit considéré comme un véritable poison et leur a expliqué à chacune de ses visites.
Si une lettre a réellement été envoyée à monsieur le président de la République elle a été vraisemblablement  inspirée par un meneur que je m'efforce de découvrir.
De nombreux détenus m'ont dit qu'ils appréciaient la distribution de fruits et de cresson.
 L'instigateur de la lettre pourrait être un agent de police car le magasinier ( agent TONGALEVA ) me tient souvent ce langage quand chaque matin , j'assiste au pesage des denrées : "Les agents aussi aiment le manioc , le cresson et les fruits.
Avant nous avions du manioc et les détenus n'avaient jamais ni cresson  ni fruits, c'était pour nous". 


J' accueillerai avec plaisir la mutation de l'agent magasinier TONGALEVA si vous croyez devoir l'envisager.
 .....


Ce désir fut exaucé.
....

A Nosy-Lava dans sa lettre du 24 septembre, madame LUCAIN semble assez déprimée et surtout se plaint des gens d' Ananalava qui sont indifférents et leurs plus proches voisins sur la côte ouest de la grande terre. Mais avec son mari ils ont le moral malgré tout et demandent que le ravitaillement en légumes frais soit amélioré.


Le 28 septembre, monsieur AUDRAIN ne me parle plus du mécontentement des détenus  et le même jour monsieur MATHEI semble être un peu plus confiant dans l'avenir de Majunga.


.......


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