Timbres et cartes postales sur DELCAMPE

Ny teny marina hoatra ny fia-pary, ka na lava aza, tsy lany hamamiana :
Les paroles vraies sont comme la canne à sucre que l'on mâche: quoiqu'elle soit longue,elle est douce partout.
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1960 3/28 Fait divers concernant un vazaha


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Cher Monsieur,

Veillez , je vous prie, bien vouloir accepter mes excuses pour la liberté que je prends de vous écrire personnellement, mais il s'agit d'un cas délicat  pour lequel je sollicite vos conseils et que je soumets à votre décision.
Il s'agit  ......

.....

Jusqu'à présent, je n'avais pas tellement à me louer de ses services puis qu'il a élevé le "moramora" à la hauteur d'une institution  et que le peu qu'il veuille bien faire, je suis encore obligé de le superviser soigneusement, telles les fiches techniques que j'établis moi-même.

Mais cela serait en sorte que demi-mal  puisque, depuis 25 ans de service, il n'a jamais su déployer un zèle exagéré et continue à vivre dans une douce euphorie  trop souvent accentuée par l'abus des spiritueux.

Ce qui est plus fâcheux, c'est que M. X..... défraye maintenant la chronique scandaleuse de notre petite ville par ses amours vulgairement tumultueuses.

Certes, c'est le droit le plus absolu de m. X... de mener la vie privée de son choix avec l'élue de son coeur. 
Ce qui est regrettable , c'est que les traverses orageuses de cette liaison donne à son voisinage un spectacle gratuit qui n'ajoute rien, bien au contraire, au prestige de l'administration et de nos compatriotes.

Voici les actes de cette tragi-comédie burlesque  qu'on pourrait intituler " Amour et Pancrace" :
depuis près de trois ans M. X..... vit avec une fille du pays dont le moins qu'on puisse dire, c'est que la pauvre ne sera jamais élue Miss Madagascar.

Outre un très mauvais caractère elle est affligée d'une atrophie des deux bras qui la fait surnommée 
Caïman.
"Tanan voay  - Patte de caïman" .

Ce n'est évidemment pas de sa faute mais si l'Amour, parait-il, est "enfant de Bohême" il est aussi en l’occurrence fortement myope.

La dulcinée en cause est une véritable tigresse douée, par surcroît d'une prodigalité remarquable  fort préjudiciable aux intérêts de notre compatriote  et d'un tempérament volcanique  qui se manifeste à loisir pendant les absences du maître de céans.
L'année dernière M. X...  avait interrompu son idylle  pendant quelque temps, mais la fille s'est accrochée et est revenue partager la couche  et le portefeuille de son protecteur.
Jusque là, rien don d'anormal que le déroulement d'une histoire trop banale.
Mais M. X..., sans doute à l'instigation du sieur Z...; ( gérant indélicat d'un dépôt qui vient de purger 7 mois de geôle et qui, comme par hasard, avait jadis bénéficié des faveurs de l’héroïne qu'il avait engrossé) qui désire se mettre en popote avec lui, a chassé la donzelle non sans que les échos de la scène n'ameutent le voisinage et la police.

Tenace, la fille est revenue en "squatter" occuper les lieux , se refusant obstinément de déguerpir et demandant, entre autres choses, trois mois de salaire à M. X....., qui, en désespoir de cause, s'est réfugié pendant huit jours à l’hôtel en demandant l'aide de la police et l'appui de Mr. le Président du Tribunal.

Samedi dernier, en présence des policiers, Mr. X... a sorti de sa case les objets appartenant à son ex-compagne et les a déposés sur la varangue.
La propriétaire des 23 robes et des 6 paires de chaussures a rappliqué comme une vraie furie, insultant les agents et menaçant M. X... de mort.

Mais, et c'est là que le drame se perpètre, vint le soir.
dissimulée dans le jardin la délaissée attendit le retour de M X... et de Z... et pénétra dans la maison comme un bolide véhémente et menaçante.
alors un grand désordre s'ensuivit .
des coups violents furent échangés.
dans le feu de l'action M. X ...   se trouva déculotté dans la cour  et son adversaire lui fit une prise sournoise autant que douloureuse à ce que j'appellerai les "bijoux de famille" .
Finalement , les deux hommes ont flanqué à la perturbatrice une sensationnelle raclée dont elle a du faire soigner les marques à l’hôpital.

Cet intermède imprévu de catch qui rappelle certain épisode de "Clochemerle"  s'est déroulé devant une foule assez nombreuse et goguenarde manifestant sa réprobation envers les mauvais vazaha  qui se mettaient à deux pour corriger une pauvre malgache, sans d'ailleurs intervenir, pas plus que la police qui,comme les carabiniers, est arrivée prudemment sur les lieux une fois le combat terminé.

Il est évident qu'en réalité, c'est M. X... qui est la victime de cette harpie trop tenace, il aurait pu trouver une manière plus élégante et surtout moins fracassante pour rompre cette liaison.
Il aurait pu également se dispenser d'en arriver à de graves sévices.
Mais il est vrai qu'il a peur de la fille , forte comme un boeuf qui lui a promis , ainsi qu'aux policiers, de leur couper les .... avantages.
L'histoire ainsi contée serait humoristique si toute la ville ne s'en gaussait et si M. LE Préfet, Mr. Le Président du tribunal  et M; Le Commissaire de Police n'en étaient saisis.
la seule solution que préconisent ces autorités administratives et judiciaires est l'éloignement de M. X... qui a d'ailleurs terminé son séjour depuis plusieurs mois.
Comme je lui disais qu'il pouvait être déplacé, il m'a déclaré qu'il ne partirait pas, qu'il n'était pas fautif et qu'on verrait qu'il était de taille à se défendre.

Hier encore, M. Le Préfet me disait combien le départ de M. X.... serait souhaitable, tant pour sa sécurité personnelle que pour le maintien de l'ordre public et il m'a demandé de vous pressentir à ce propos.

je suis très ennuyé par cette affaire si déplorablement scandaleuse mais je ne désirerais pas que M. X... en soit gravement sanctionné  au risque de compromettre une carrière par ailleurs arrivée à son terme.
Je tien X... pour un brave type, car il a "le coeur sur la main"  mais aussi pour un pauvre type qui sera perdu si il retourne en France maintenant.
Sa femme et se trois enfants vivent chez son frère, lequel pousserait un peu trop loin l'amour fraternel en le remplaçant non pas seulement auprès des enfants.
D'après es dires, M. X.... serait un pactole pour cette famille qui ne lui en manifeste aucune reconnaissance et qui ne cesse de réclamer toujours plus d'argent .
Comme sa concubine a contracté en son nom auprès de plusieurs commerçants des dettes appréciables, X ... n'a non seulement pas un sou d'avance mais encore de lourdes charges.
En somme, c'est la fille qui est la lus grande coupable en l'affaire car c'est elle qui a provoqué le scandale et non M. X....  qui n'a fait que se défendre et bien mal encore.On ne peut que lui reprocher de n'avoir pas réglé cette affaire avec fermeté et discrétion.
Mr. Y ... fonctionnaire vaguement allié avec la  fille lui a enjoint de quitter la ville.
Peut-être suffirait-il de laisser passer le temps qui effacera cette sordide aventure ? 
Peut-être pourrait-on envoyer M. X... en mission.
d'ici son retour l'affaire serait oubliée.
Je vous serais reconnaissant des conseils que vous voudrez bien me donner concernant cette malheureuse affaire. Je vous demande aussi de bien vouloir l'examiner avec toute l'indulgence que vous jugerez compatible avec la gravité de ce qui n'est, somme toute, qu'une explication extra-conjugale, un peu vive et le dénouement brutal d'une impossible liaison.
Je vous prie de bien vouloir agréer etc ........

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Le famadihana, ou retournement des morts, est une coutume funéraire que l'on rencontre dans la plupart des tribus de Madagascar. Bien qu'apparu assez tardivement semble-t-il dans l'île (peut-être seulement après le XVIIe siècle), tout au moins sous sa forme actuelle, le famadihana se situe dans le prolongement de la vieille coutume des « doubles funérailles » très répandue avant l'époque moderne enAsie du Sud-Est mais aussi en egypte antique ainsi que dans le Proche-Orient ancien (dans l'ancien Israël, à Babylone ou par les zoroastriens en Perse)et dans la Grèce antique.
Selon la philosophie malgache, les mânes des défunts ne rejoignent définitivement le monde des ancêtres qu'après la corruption complète du corps, au bout d'une longue période pouvant durer des années, et après l'accomplissement de cérémonies appropriées. Le rituel consiste à déterrer les os des ancêtres, à les envelopper cérémonieusement dans des tissus blancs et frais (lamba) et à les promener en dansant autour de la tombe avant de les réenterrer. À Madagascar cependant, cette réinhumation (littéralement retournement) finit par devenir périodique, en général tous les sept ans, dans une grande festivité réunissant tous les membres du groupe. À cette occasion, les linceuls de soie recouvrant les restes mortuaires décomposés de plusieurs corps sont renouvelés.
De nos jours, la pratique du famadihana tend à se raréfier, en raison d'une part du coût souvent élevé de la cérémonie, et de l'autre de l'impact de l'influence occidentale, par l'intermédiaire notamment de l'influence chrétienne.





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